UN PEU D'HISTOIRE
1792
Condorcet présente à l’assemblée législative les premières bases de l’éducation populaire. Député à la Convention, il présenta un remarquable plan d’organisation de l’instruction publique.
1866
Jean Macé fonde la Ligue Française de l’Enseignement. Dans son manifeste, il déclare que :
« les soussignés, désireux de contribuer personnellement au développement de l’instruction dans leur pays, déclarent adhérer au projet d’établissement en France d’une Ligue de l’Enseignement au sein même de laquelle il demeure entendu qu’on ne servira les intérêts particuliers d’aucune opinion religieuse ou politique… » Ceux qui se mobilisent alors, ne sont pas spécifiquement des enseignants, beaucoup sont issus de la classe moyenne qui veulent adapter l’enseignement à la réalité sociale des populations de l’époque (une population pour beaucoup occupée aux travaux agricoles et n’ayant accès que le soir à des « cours »).
1er juillet 1901
Pierre Waldeck-Rousseau présente une loi fondant le droit d’association. Il s’inspire des principes de la révolution de 1789 :
- primauté de l’individu et de ses droits
- liberté d’adhérer à une association et d’en sortir
- administration par libre délibération de ses membres, égaux en droits…
Cette loi est très souvent qualifiée de Charte des associations et proclame dans son article 1er :
« L’association est la convention par laquelle 2 ou plusieurs personnes mettent en commun, d’une façon permanente, leurs connaissances ou leurs activités dans un but autre que de partager des bénéfices ».
La loi du 1er juillet 1901 met ainsi un terme à une tradition multiséculaire de répression, de mise sous tutelle et de non-droit à l’encontre des associations et fonde le droit d’associations sur des principes tout à fait nouveaux, grâce auxquels vivent aujourd’hui 800 000 associations.
Chaque année, environ 60 000 associations voient le jour, 1 français sur 2 y adhère.
1, 2 millions de salarié-e-s y sont employés pour un budget global d’environ 46 milliards €.
La guerre 1939-1945
Le maréchal et la jeunesse
Se pose en 1940 la question de la prise en charge des 90 000 jeunes incorporés en mai juin 40 puis démobilisés.
Le 3 Juillet 1940 le général de la PORTE DU THEIL est nommé comme responsable des « Chantiers de Jeunes » par le Ministère de la Défense.
Vingt-huit jours plus tard, le 31 Juillet 1940, sont créés par décret signé par le Maréchal des "Groupements de Jeunesse" où les jeunes conscrits sont affectés pour six mois.
Dès décembre 1940 des premiers responsables des maisons des jeunes sont formés à l’école des cadres d’Uriage (Isère).
En 1941 a lieu la préfiguration d’une première MJC à Chamargues avec un Conseil de Maison.
La République des Jeunes
Le 4 octobre 1944 a lieu la première réunion de la République des Jeunes
qui regroupe :
des mouvements de jeunesse,
des organisations syndicales,
des mouvements de résistance,
rejoints par
la Jeunesse Socialiste,
les Jeunes Républicains de France,
la Ligue de l’Enseignement
le Syndicat Nationale des Instituteurs
l’Association Catholique de la Jeunesse Française,
les Scouts de France.
Un homme clé : André Philip
Économiste, docteur en économie politique puis en sciences juridiques, reçu premier à l’agrégation, élu S.F.I.O , il s’est refusé à voter les pleins pouvoirs à Pétain en 1940.
Engagé dans la Résistance dès 1941 dans le cadre du mouvement "Libération Sud", recherché par la Gestapo et accusé de trahison par Vichy, il rejoint de Gaulle à Londres en 1942 qui lui confie des missions d’importance.
Plus tard, André Philip jouera un rôle essentiel dans l’élaboration de la constitution de la IVème République en tant que Président de la Commission de Constitution des Assemblées Constituantes.
Il est considéré comme le fondateur de la FFMJC dont il sera le premier président.
L’après-guerre :
de la République des Jeunes à la Fédération Française des MJC
En 1945, la France a des difficultés financières et des dissensions idéologiques. La Ligue de l’Enseignement quitte le mouvement et le Syndicat National des instituteurs et des institutrices publics.
André Léger est nommé en 1946 à la tête de la République des jeunes. Le staff national est réduit au profit d’adjoints de terrain , plus proches des maisons.
En 1947 est élaboré un règlement intérieur et des statuts type d’une MJC, d’une Fédération Départementale, de la future FFMJC ainsi qu'un statut de directeur MJC.
Le 15 janvier 1948 a lieu l'Assemblée Générale constitutive de la FFMJC à Saint-Cloud.
1950-1958 une lente consolidation
Dans un contexte difficile (guerre d’Algérie, instabilité institutionnelle) l’Education Populaire n’est pas la priorité gouvernementale.
De 118 MJC en 1950, les MJC ne sont que 200 en 1958.
Mais un travail de fond se réalise dans les MJC qui deviennent des laboratoires d’idées et des lieux d’expérimentation :
pédagogie des Conseils de Maison,
relations bénévoles/professionnels et cogestion,
relations associations/collectivités.
Les MJC se politisent : des prises de position s’expriment, notamment sur l’Algérie qui compte une dizaine de MJC.
1959-1966 les années glorieuses
Maurice Herzog, Haut Commissaire puis Secrétaire d’État à la Jeunesse et aux Sports donne le 18 septembre 1959 au journal le Monde une interview qui provoquera une croissance exponentielle du nombre des MJC.
En 1960 >>> 262 MJC
En 1961 >>> 293 MJC
En 1962 >>> 350 MJC
En 1963 >>> 455 MJC
En 1964 >>> 505 MJC
En 1966 >>> 784 MJC
En 1967 >>> 1030 MJC
En 1968 >>> 1184 MJC
Au milieu des années 1960, il est construit 2 MJC par semaine.
De 1959 à 1968, le budget de la Jeunesse et des Sports a été multiplié par 14.
La FFMJC à elle seule reçoit la moitié des subventions allouées aux organismes de jeunesse et d’éducation populaire.
1965 : La reconnaissance officielle
En 1965, l’Éducation Populaire est enfin reconnue par les politiques :
Création du FONJEP (Fonds d’Orientation pour la Jeunesse et l’Éducation populaire),
Création du DECEP (Diplôme d’État de Conseiller en Éducation Populaire)
La FFMJC en profite largement :
Un plan prévoit 1 MJC pour 600 habitants, soit
3500 MJC en secteur urbain
9500 MJC en secteur rural
1966-1968 : les MJC dans la tourmente
Le 8 janvier 1966, François Misoffe est nommé Ministre de la Jeunesse et des Sports.
Il dénonce
le développement impérialiste des MJC,
leur monopole absolu sur l’éducation populaire.
Il lance le plan « 1000 clubs »
destiné à concurrencer les MJC.
Le 31 mars 1968, démission d’André Philip de son poste de président, annoncé dans le journal Le Monde le 3 avril.
1968-1969 : la mise au pas de la FFMJC
Joseph Comiti, nommé secrétaire d’état en charge de la Jeunesse et des Sports , renoue le dialogue mais impose ses conditions :
gestion de la FFMJC par ses adhérents,
emploi du personnel par les associations locales,
régionalisation des structures.
C’est une volonté affichée de démanteler le corps professionnel, fortement politisé et impliqué dans les événements de 68, et de mettre à bas le principe d’une cogestion.
1969 : la scission
Le 23 mars 1969, l ’Assemblée Générale extraordinaire de Sochaux
accepte la régionalisation et la création des FRMJC,
mais maintient le cadre national de l’emploi
et confirme son attachement à la cogestion
Le gouvernement
Prend acte de la régionalisation des postes des directeurs,
mais menace de ne pas verser la subvention nationale à la FFMJC,
et de la répartir entre les différentes fédérations régionales.
Le Monde daté du 2 avril 1969 fait savoir que M.Trichaud, délégué général, a démissionné de son poste.
Dans les jours qui suivent, il crée l’association des présidents des fédérations régionales, l’APREREG qui deviendra l’UNIREG, en rupture avec la FFMJC.
La première scission de la FFMJC est engagée
Les MJC s’adaptent à un nouveau contexte
Les MJC s’adaptent aux mutations sociales :
Changement de public :
•Entrée des femmes et des enfants,
•Raréfaction du public jeunes et adolescents, entraînant la disparition des foyers et des Conseils de Maison
Par un
Changement d’activités :
•Développement des activités de loisirs (tissage, poterie, peinture sur soie, sérigraphie…)
•Soutien à la création et à la diffusion d’une culture différente, voire parallèle (musique folk, rock, contestataire, régionaliste, théâtre…)
•Accueil et soutien des mouvements sociaux (antiracistes, antinucléaires, féministes,…)
Les Assemblées Générales de Dieppe en 1974 et Metz en 1975 en prennent acte, sans pour autant réformer la gouvernance de la FF. Certaines MJC se tournent vers l’animation globale et se font appeler MPT.
1976 : HELP, symbole de la FFMJC combative
Depuis l’Assemblée Générale d’Épernay en 1971, la FFMJC se veut combative, voire combattante vis-à-vis de l’état et de certaines municipalités .
Le 16 octobre 1976 a lieu à Paris le temps fort de l’opération HELP qui a mobilisé tout le réseau. 10 000 personnes - bénévoles, professionnels, adhérents - venues de toutes les FRMJC manifestent.
Les conflits avec les municipalités, qui se font plus présentes suite au désengagement de l’État, s’amplifient : des MJC historiques sont fermées (la Mouff, les 2 portes, Boulogne Billancourt) voire rasées au bulldozer (Viry-Châtillon).
1977-1983 : des espoirs déçus
L’arrivée de la gauche à la tête de nombreuses villes suscite un espoir vite déçu, même si de nombreuses MJC sont encore créées, essentiellement dans les villes moyennes, les villes importantes privilégiant les maisons de la Culture mises en place par Malraux.
En mai 1982, à l’Assemblée Générale de Reims, André HENRY, ministre du Temps Libre annonce l’ouverture de grands chantiers :
démocratisation du loisir,
aménagement du temps libre,
réhabilitation de l’Éducation Populaire.
La vocation d’intérêt général des activités exercées par les MJC-MPT est reconnue dans le cadre d’un plan de financement annuel de la FFMJC.
Mais le tournant de la rigueur en 1983 met fin à cette embellie.
1987 : les dissensions éclatent au grand jour.
Un certain nombre de fédérations aspirent à un changement profond du mode de fonctionnement de l’appareil FFMJC :
création d’un corps d’animateur,
abandon du taux moyen,
suppression du CIRP, en situation de quasi faillite.
Le plan Kolpak, du nom du DG, qui en reprenait quelques points a été rejeté par l’Assemblée Générale extra-ordinaire de Marly le Roi en 1981.
Les rivalités politiques (PS/PC), syndicales (CGT/CFDT) parasitent le débat et bloquent toute évolution.
L’Assemblée Générale du Mans de 1987 est particulièrement houleuse. Le rapport moral prévoyant
un plan de licenciement
la régionalisation des emplois
ainsi que le rapport financier sont rejetés, ce qui provoque la démission du Président et du Délégué Général.
1992 : de la crise à la rupture
Depuis 1987 s’opposent les rénovateurs « les battus du Mans » et les conservateurs.
Face aux difficultés économiques et au manque de transparence du SIRP (ex CIRP), certaines fédérations régionales décident de retenir les fonds qui devaient être versés à la FFMJC.
Six d'entre elles (Fédérations d'Île de France, de Lyon, de Grenoble, de Bretagne, de Champagne-Ardenne et de Picardie) se regroupent dans une structure nouvelle, l'AREGES (Association de Recherche, d‘Etude et de Gestion dans l’Économie Sociale du champ socioculturel et des MJC).
Il existe désormais trois réseaux de MJC (FFMJC-UNIREG-AREGES
1994 : la recomposition
En 1992, les FR de l’AREGES ont quitté le SIRP, et régionalisé leurs emplois. Leurs Délégués Régionaux, employés et nommés par la FF, deviennent Directeurs Régionaux, salariés par les Fédérations Régionales.
Les MJC sont appelées à choisir, lors de leur Assemblée Générale, si elles rejoignent l’AREGES, ou restent fidèles à la FFMJC.
En 1993, des contacts étroits se nouent entre l’AREGES et l’UNIREG, issue de la première scission de 1969.
En 1994, ces deux fédérations signent à Toulouse la « Déclaration des Principes », charte commune aux FR de l’AREGES et de l’UNIREG et actent la création de la CMJCF , Confédération des MJC de France.
En 1997, à Reims, une convention internationale regroupe les FR de la CMJCF, qui devient co-fondatrice de la Coordination Européenne des MJC et Youthclubs (réseau Contact 21-03).
En 1999, sont effectuées les dissolutions de l’AREGES et de l’UNIREG et leur fusion au sein de la CMJCF, devenue le premier réseau de France des MJC.
Et maintenant ?
La CMJCF, de par sa structure confédérale, possède un échelon national peu développé, l’essentiel des pouvoirs étant aux mains des régions qui la composent et sur lesquelles repose le poids de la gestion.
Très présente sur le terrain, elle s’est fortement investie dans le secteur international et culturel.
La FFMJC possède au contraire un échelon national fort, héritage de sa gestion centralisée. Elle est en revanche moins présente au niveau local, et compte peu de fédérations régionales.
Toujours engluée dans des difficultés financières, elle a perdu nombre de postes et se trouve en redressement judiciaire.